En 2019, les recettes mondiales issues des voyages internationaux ont dépassé 1 700 milliards de dollars, selon l’Organisation mondiale du tourisme. Certains pays dépendent à plus de 50 % de cette manne pour leur produit intérieur brut, alors que d’autres constatent une érosion accélérée de leurs ressources naturelles.
Les déplacements touristiques représentent environ 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Leur croissance continue met à l’épreuve les modèles économiques locaux et les équilibres écologiques, tout en soulevant des interrogations sur la capacité des destinations à absorber cette pression sans compromettre leur avenir.
Tourisme mondial : moteur économique aux multiples facettes
Le secteur du tourisme pèse aujourd’hui 10 % du PIB mondial, selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Véritable colonne vertébrale de nombreuses économies, il irrigue aussi bien les grandes capitales européennes que les archipels des Caraïbes. La France caracole en tête, forte de 100 millions de visiteurs en 2023 et d’une consommation touristique de 180 milliards d’euros en 2022. Ce leadership international s’explique par l’attractivité inégalée de son territoire et sa capacité à fédérer des acteurs de tous horizons.
Au-delà des chiffres, le tourisme transforme la vie économique des régions. Il soutient 348 millions d’emplois à travers le monde. En Europe, il pèse 12 % des nouveaux postes créés et occupe la troisième marche du podium économique, juste derrière l’industrie et la construction. Les PME y trouvent un terrain fertile, tout comme le commerce local, dynamisé par l’afflux de visiteurs.
Ces mutations se manifestent concrètement à travers plusieurs axes clés :
- Investissements dans les infrastructures touristiques : transports, hébergements, restauration.
- Création d’emplois dans l’hôtellerie, la restauration, les activités culturelles et de loisirs.
- Développement des territoires : valorisation du patrimoine, attractivité accrue, diversification des offres.
Dans des pays comme les Bahamas ou Macau, le secteur peut représenter jusqu’à 80 % du PIB. À l’échelle mondiale, le tourisme agit comme un accélérateur d’investissements, stimule l’innovation et offre une bouffée d’oxygène aux régions désireuses de renouveler leur modèle économique. Les projections de l’OMT tablent sur 449 millions d’emplois liés au secteur d’ici 2034, preuve que la dynamique ne faiblit pas.
Quels sont les véritables coûts environnementaux du tourisme ?
L’essor du tourisme, s’il nourrit la croissance, s’accompagne d’une empreinte écologique qui ne passe plus inaperçue. En France, ce secteur a généré 97 millions de tonnes de CO2 en 2022, soit 11 % des émissions nationales, selon l’Ademe. Le transport reste le principal poste d’impact : il concentre 69 % de l’empreinte carbone touristique, dont près d’un tiers pour l’avion et un tiers pour la voiture. Les logements, les achats liés au voyage et la restauration ajoutent encore 25 % à ce total.
L’Organisation mondiale du tourisme prévoit une hausse de 25 % des émissions du transport touristique entre 2016 et 2030. Ce surcroît se traduit par une pression grandissante sur le climat et sur la santé même des milieux naturels. Les zones les plus fréquentées, littoraux, montagnes, voient leur capacité d’accueil mise à rude épreuve. Routes, hôtels, parcs d’attractions poussent, grignotant les terres, puisant dans les ressources, bousculant l’équilibre fragile des écosystèmes.
Voici certains des impacts les plus marquants :
- Dégradation des habitats : recul de la biodiversité sur les sites surfréquentés
- Pollution de l’air et de l’eau : concentration des émissions et rejets dans les zones touristiques
- Stations de sports d’hiver : vulnérabilité accrue face au réchauffement climatique
La croissance du secteur génère des tensions palpables : réserves d’eau sous pression, gestion des déchets complexe, érosion de sites emblématiques. L’équation est redoutable. Les retombées économiques ne suffisent plus à masquer les dégâts, ni à inverser une tendance lourde qui risque de peser longtemps sur l’environnement.
Vers un tourisme durable : repenser nos choix pour limiter l’impact climatique
Face à ces défis, le tourisme durable s’affirme comme une alternative crédible. Il s’agit de réduire l’empreinte environnementale du secteur sans sacrifier ses apports économiques. La Déclaration de Glasgow fixe d’ailleurs une trajectoire ambitieuse : diviser par deux les émissions du tourisme d’ici 2030, viser la neutralité carbone avant 2050. Cette mutation s’incarne dans le quotidien des hôteliers, restaurateurs et gestionnaires de sites qui adoptent des démarches sobres, certifiées, souvent via l’Écolabel européen.
En France, plusieurs territoires montrent l’exemple. Le Parc national des Écrins, la Camargue, mais aussi l’Île de Ré mettent en avant une gestion respectueuse des milieux naturels, encouragent l’utilisation de produits et services locaux et limitent la consommation de ressources. L’écotourisme séduit de plus en plus, porté par une demande pour des hébergements écologiques, des activités authentiques, loin des foules.
Pour que le tourisme responsable devienne la norme, plusieurs leviers doivent être activés :
- Préservation de la biodiversité
- Gestion raisonnée des déchets
- Sensibilisation active des voyageurs
- Protection des ressources naturelles
Impossible d’espérer limiter l’impact climatique du secteur sans une remise en question profonde des habitudes. Les initiatives foisonnent : mutualisation des moyens de transport, adoption d’hébergements éco-certifiés, circuits courts pour la restauration. Trouver la juste mesure entre essor économique et respect de l’environnement exige des choix assumés, parfois radicaux, mais auxquels il devient difficile d’échapper.
Le tourisme mondial avance sur une ligne de crête : entre promesse d’évasion et responsabilité collective, chaque décision compte. La suite ? Elle s’écrira au croisement des routes empruntées par les voyageurs d’aujourd’hui et des paysages que nous laisserons demain.